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La protection de l'environnement au Costa Rica : quelles spécificités ?

La Protection de l'Environnement au Costa Rica : Focus sur ses Spécificités

En bref : Au Costa Rica, la protection de l'environnement est une priorité nationale. Grâce à son engagement envers les énergies renouvelables et à la conservation des espaces naturels, le pays est un leader mondial en matière de durabilité. Les programmes d'éducation environnementale contribuent également à sensibiliser la population à l'importance de la biodiversité.


Des mesures gouvernementales fortes en faveur de la protection de la nature


La protection de l’environnement est reconnue comme une obligation publique au Costa Rica. Le mythe d’un pays vert est donc fondé sur une réalité juridique d’ordre constitutionnel.

Prise de conscience d'un peuple de paysans : les premières réformes


Depuis 1994, la constitution du
Costa Rica reconnaît à ses citoyens le droit d’avoir « un environnement sain et écologiquement équilibré » et impose à l’État l’obligation de protéger l'environnement, au même titre que la santé, la sécurité et les intérêts économiques des habitants. 
Alors bien sûr, le pays a encore du chemin à faire dans plusieurs domaines mais il faut distinguer les points importants du détail.
La prise de conscience du Costa Rica face à la nécessité de protéger sa diversité naturelle date des années 1990. Historiquement, le Costa Rica est doté d’une faible densité de population qui n’avait pas la culture de l’épuisement des ressources.

La protection du territoire et la création de parcs nationaux, réserves et refuges


Cela se voit très clairement en arrivant (ou en repartant) par avion, le
Costa Rica est avant tout une grande forêt, rien à voir avec les paysages monotones des successions de champs et de villes des pays européens. Depuis les années 1980, le couvert forestier ne cesse d'augmenter pour atteindre aujourd’hui plus de 50 % du territoire.

Les premiers parcs nationaux , ceux du volcan Irazú et du Tenorio, ont été créés en 1955. Aujourd'hui, la superficie totale des 29 parcs nationaux représente 30 % du territoire terrestre. Il faut ajouter à cela les parcs marins tant du côté de l’océan Pacifique que du côté de la mer des Caraïbes.

Le saviez-vous ? 
Certaines institutions publiques participent également à la protection de la nature et à la création de parcs nationaux. C’est le cas de l’ICE (l’équivalent de l’EDF costaricien) qui rachète des terrains aux particuliers pour en faire des parcs nationaux, notamment lors de l’agrandissement du parc national Rincón de la Vieja en 2018. 

Il sera possible de faire appel aux services d’un guide naturaliste dont l’accréditation est faite par l’État pour visiter ces parcs et connaître le détail de chaque écosystème.

Psst, des contacts de guides francophones dans les petits secrets sont partagés lors du traditionnel briefing avec un membre de l'équipe ToutCostaRica ou sur le forum du Réseau Solidaire.

L'écologie comme valeur forte dans l'éducation des enfants


Le
Costa Rica a choisi d’investir dans l’éducation considérant que c’est la jeunesse qui fera avancer le pays. Dès le plus jeune âge, à l’école ainsi que dans les familles, on apprend aux enfants à respecter l’environnement : recyclage, protection des animaux, nettoyage des plages, arrêt de l’usage des pailles et du plastique à usage unique, nombreuses sont les activités de sensibilisation mises en place par les écoles. Et ce sont les enfants qui apprennent aux parents.

Des atouts géographiques et climatiques


Le pays est naturellement doté en énergie. Les nombreux
microclimats, ces atouts qui le traversent, lui permettent de prendre des mesures drastiques sans controverses.

Ressources naturelles et énergies renouvelables


éolienne, énergie, costa rica, environnementL’eau est un bien public qui n’est pas retraité au
Costa Rica. Elle provient de sources naturelles situées dans les hauteurs. Pour la Grande aire métropolitaine, qui englobe San José et les principales villes qui l’entourent, l’eau est captée très haut. Cela a un impact non négligeable sur la santé des habitants de la Vallée Centrale et du pays en général. Qu’il est agréable de trouver de l’eau potable quasiment partout dans le pays (excepté les Caraïbes Sud et le Corcovado), sans avoir besoin d’acheter systématiquement des bouteilles en plastique ! Le traitement reviendrait à privatiser sa gestion, ce que le pays ne souhaite pas pour le moment.

Le pays est quasiment autonome en matière d’énergie. Seul le trafic routier est consommateur d’énergie fossile, le pétrole. Autrement, tout tourne grâce aux diverses énergies renouvelables dont il est doté : l’éolien, la géothermie, l'hydroélectricité, le solaire et l’usage de la biomasse.

Dès lors que tous les véhicules à essence seront remplacés par des véhicules électriques, le pays sera complètement autonome.

Contrairement à l’Europe, la majorité des véhicules sont à essence (moins polluant que le diesel) au Costa Rica et notamment ceux de location.

 À noter
60 % des habitants vivent dans la partie tempérée du pays, la Vallée Centrale, où le chauffage et la climatisation sont inutiles toute l’année. La meilleure énergie est évidemment celle qui n’est pas produite.


Une biodiversité exceptionnelle

singes, saimiri, costa rica, animaux, biodiversité, environnementLe territoire du Costa Rica ne représente que 0,03 % des surfaces émergées du globe et abrite pourtant près de 5 % de la biodiversité mondiale. Les forêts primaires constituent environ 10 % du territoire.

Un corridor biologique pour la préservation des espèces animales et végétales traverse le pays grâce à la succession des parcs nationaux et réserves : du sud du Nicaragua au nord de Panama, incluant le parc transfrontalier de La Amistad.

De nombreux projets ont été lancés en faveur de la sauvegarde de certaines espèces menacées comme les refuges pour animaux blessés qui accueillent toucans, singes, paresseux électrocutés ou persécutés. Aussi, plusieurs communautés locales ont mis en place des projets de conservation de certaines espèces tels que les aras verts sur la côte caribéenne ou différentes espèces d’amphibiens. Ils représentent de belles opportunités pour du volontariat.

Les zoos et la chasse sont interdits (sauf pour certaines communautés indigènes mais de façon encadrée) au Costa Rica.

Vers la décarbonation


Le gouvernement costaricien continue de faire des choix politiques forts en faveur de la
protection de l’environnement. Ainsi, alors que le pays frôle le bilan carbone neutre, il vise en 2021 d’atteindre l’objectif du carbone 0 en 2050. Date à laquelle sa propre végétation sera capable d’absorber les rejets de l’activité humaine, une belle preuve de respect de l’environnement et des générations futures.

Paradoxes et pistes d'amélioration


Le
Costa Rica est un modèle en matière de préservation de l’environnement, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas perfectible.

Cultures intensives : ananas, bananes et café


Les critiques fusent quand il s’agit d’aborder les sujets des cultures
d’ananas, de bananes et de café et leurs nuisances respectives.

Ces cultures sont polluantes pour les sols mais le pays a fait un effort considérable pour convertir à 80 % les produits d’épandage en produits biodégradables. Il a banni l’usage du charbon, des produits chimiques et des pesticides dangereux.

Seuls 30 % de la production de café est biologique, 10 % pour la banane et 30 % pour l’ananas (qui est du faux-bio car un ananas bio met en moyenne 2 à 3 ans pour pousser, ce qui est peu rentable).

Comme dans la plupart des pays, l’agriculture biologique reste minoritaire et ce pour plusieurs raisons. Si elle est facile à mettre en place dans des pays de climat tempéré ou froid, les choses se compliquent avec la hausse des températures. Un pays tropical est sujet à de nombreuses invasions d’insectes, de rongeurs, et de maladies coriaces, la perte des productions biologiques varie de 10% à 30%, une part qui n’est pas tenable pour le développement économique d’un si petit pays.

Tourisme et écotourisme


Le Costa Rica est l’un des pays à avoir démontré un grand sens de l’initiative et une efficacité sans précédent dans le domaine de l’
écotourisme qui consiste en une forme de voyage responsable et respectueux des espaces naturels et qui contribue à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales.

Le tourisme, qui est vecteur de croissance, a des impacts négatifs dans le pays : utilisation démesurée des ressources naturelles comme l’eau, pollution, mise en danger de la biodiversité, imperméabilisation des sols, augmentation du coût de la vie.

Grâce à la protection de 50 % de son territoire, le pays répond de manière assez radicale à ces externalités négatives. En outre, les opérateurs ne pouvant consommer plus que les ressources disponibles, se limitent eux-mêmes dans la gestion des biens communs afin de ne pas se retrouver piégés par leur propre gourmandise.

La protection des tortues marines est l’une des plus grandes réussites de l’alliance tourisme et protection de l’environnement, l’illustration de l’implication des populations locales et des retombées positives du tourisme est marquante à Tortuguero.

Aussi, l’ICT (Instituto Costarricense de Turismo) a mis en place le CST (Certificación para la Sostenibilidad Turística en Costa Rica) à destination des établissements hôteliers souhaitant l’étiquette d’écolodge, ce qui a permis de nombreuses innovations et a tissé des micro-systèmes vertueux et de plus en plus autonomes.

Développement versus durabilité


Si le pays met tout en œuvre pour la
conservation de la nature, il ne s’interdit pas pour autant de se développer. Mais il reste tout de même un pays de très faible industrie.

Quelques points noirs sont à soulever notamment dans la vie quotidienne des ticos. La gestion des déchets est encore sujette à débat, certaines zones sont encore sales et la chaîne de recyclage est à améliorer. Cependant, il faut garder à l’esprit que jusque dans les années 1970, le Costa Rica était un pays moins avancé qui a progressé très rapidement. Il lui reste encore des manques et c’est normal. Le gouvernement préfère prendre des décisions réfléchies, adaptées et dans le sillage d’une gestion durable plutôt que de se précipiter sur des solutions tape-à-l’œil (ou d’envoyer ses déchets par conteneurs à l’autre bout du monde). La France, pour ne citer qu’elle, est encore dotée de décharges plus ou moins bien cachées qui montrent également ses limites en la matière (sans parler des déchets nucléaires).

Le saviez-vous ?
La production de déchets non-organiques d’un Costaricien représente 1/15 de celle d’un Étatsunien et ⅓ de celle d’un Français.