Préparer, Profiter, Partager

Menu

Les tortues au Costa Rica : histoire d'un symbole de l'écotourisme

En bref : Les tortues marines sont des animaux emblématiques du Costa Rica, et les menaces qui pèsent sur leurs populations en ont fait l’un des fers de lance du combat environnemental de nombreuses organisations. Certaines espèces sont bien sûr plus menacées que d’autres, mais des programmes de conservation sont mis en place sans distinction.

Si traditionnellement la consommation de chair et d’œufs de tortues fait partie des mœurs, celle-ci a considérablement reculé ces dernières années. L’attractivité des sites de reproduction, avec le spectacle qui est offert aux touristes en voyage au Costa Rica, a permis de développer les structures de préservation tout en continuant d'assurer les revenus des acteurs du secteur. Seulement, les braconniers d’hier sont devenus les protecteurs d’aujourd’hui.


Mais où sont les meilleurs endroits pour observer ces animaux qui ne viennent à terre que pour se reproduire ? Quelle période est la plus adaptée pour voir les pontes nocturnes ? Ou bien pour avoir la chance de voir sortir du sable des centaines de bébés tortues gagnant la mer ? Et d’ailleurs, quelles espèces de tortues est-il possible croiser sur les plages du Costa Rica ?

Quelles espèces peut-on observer au Costa Rica ?


Le paradis de l'écotourisme qu’est le Costa Rica accueille
5 des 7 espèces de tortues marines existantes dans le monde… voire 6 si on compte les quelques spécimens de tortues caouannes (Caretta Caretta) qui ont été vues, mais tellement rarement qu'elles ne seront pas evoquées ici.

La tortue luth (Dermochelys coriacea)

La plus iconique des tortues du Costa Rica, et la plus grosse pouvant atteindre près de 3 mètres de long et une tonne sur la balance (record enregistré à 950 kg). En danger critique d’extinction, c’est une espèce pélagique, c’est-à-dire qu’elle vit en pleine mer, ne remontant à la surface que pour respirer, et ne s’approchant des côtes que pour se reproduire. En rencontrer sur les plages du Costa Rica sera sûrement le meilleur souvenir du séjour, et c’est possible aussi bien côté Caraïbes que sur le Pacifique mais à des saisons différentes. Elle pond environ 4 fois chaque saison.

La tortue verte

Après la superstar, il vaut le coup de s'attarder sur la tortue marine qui est la plus présente sur les terres costariciennes. La tortue verte est commune dans les mers chaudes du globe, et on la rencontre un peu partout ; de la Méditerranée aux côtes africaines, asiatiques, et bien sûr en mer des Caraïbes. Avec son mètre de long et ses 150 kg, elle est la seconde espèce la plus grande des océans. Son lieu de nidification fétiche est Tortuguero qui accueille près de 10 000 individus par saison de ponte. Chaque femelle peut venir mettre bas jusqu’à 6 fois par période de ponte, tous les 2 ou 3 ans.


La tortue noire dite « tora »

Très proche parente de la tortue verte, au point que les scientifiques ne s’accordent toujours pas à savoir s’il s’agit d’une sous-espèce de tortue verte ou d’une espèce à part entière. D’apparence générale très semblable, elle est légèrement plus petite et de couleur plus foncée. Elle fréquente plutôt le Pacifique et ne vient se frayer que dans le nord du Guanacaste. Elle reste cependant assez rare sur les plages paradisiaques du Costa Rica.

La tortue caret (ou tortue carey, ou tortue imbriquée)

S’agissant de l’espèce la plus menacée par l’homme car recherchée pour la beauté de sa carapace utilisée en bijouterie et décoration, elle est particulièrement rare à observer. Beaucoup plus présente sur la façade Atlantique, malgré sa tendance à nicher en solitaire, elle peut venir nicher avec les tortues vertes. Elle se reconnaît cependant aux couleurs ambrées particulières de sa carapace ainsi qu’à sa taille plus petite n’atteignant que les 90 cm pour 70/80 kg.

La tortue olivâtre ou tortue de Ridley

C’est la plus petite du bestiaire du jour, avec une taille moyenne de 70 cm pour 40 kg seulement. Ces tortues du Costa Rica doivent leur nom à leur couleur vert olive foncé. Moins en danger que d’autres de leurs congénères, elles n’en restent pas moins menacées par les activités humaines, la pêche en premier lieu. Mais c’est aussi celle que l’on retrouve sur les impressionnantes photos du très célèbre phénomène des « arribadas » (arrivées), qui concentre sur une très courte période la ponte de plusieurs milliers de femelles. Elles peuvent néanmoins s’observer toute l’année.

Où les observer ?


Les Caraïbes

Le principal lieu d’observation de la ponte des tortues, c’est bien évidemment Tortuguero. Le nom du village lui-même provient de l’histoire locale qui est étroitement liée à celle des tortues. Mais de chasseurs, les locaux sont devenus les meilleurs protecteurs de cette partie de la faune qui fait aujourd’hui la réputation du lieu. En effet, le tourisme génère finalement bien plus de revenus que la chasse et la récolte des œufs. Preuve une fois de plus que la richesse générée par la protection des tortues peut permettre aux populations locales de mieux vivre que son exploitation brute.

Il est également possible d’organiser des excursions du côté du sud des Caraïbes, notamment vers le parc national de Cahuita et Puerto Viejo de Talamanca. Mais celles-ci sont plus sporadiques et donc difficiles à observer. L’urbanisation plus importante au sud du pays perturbe l’orientation des tortues et de leur progéniture lors de leur éclosion.

Le Pacifique

Les plages de sable du Pacifique ne sont pas les plus connues pour observer les tortues à part pour le phénomène typique des « arribadas ». Pourtant, les programmes de protection sont nombreux également sur cette façade océanique qui offre des milliers de kilomètres de plage aux tortues qui cherchent un petit nid douillet au Costa Rica.

Si le parc national Santa Rosa dans le nord du Guanacaste accueille toujours la visite de nombreux individus, les plages les plus accessibles aux voyageurs se trouvent plus au sud. C’est ainsi sur la portion entre Tamarindo et Sámara qu'il y a le plus d’opportunités de rencontrer nos amies à carapace.

La péninsule d’Osa est plus souvent mentionnée pour sa végétation tropicale exubérante. Mais la faune et la flore sont très riches et comptent bien sûr des tortues. Elles sont principalement observables dans les zones exemptes de mangroves comme les plages de la baie de Drake ou bien sûr les plages du parc national du Corcovado.

Les petits secrets


Bien évidemment, avec plus de 10 ans dans le pays, Pierre et toute son équipe ont quelques petites adresses spéciales pour aller observer ces animaux marins dans les meilleures conditions. Mais pas question de s’en épancher sur la toile. Le fait de voir des touristes « faire du surf » sur le dos de tortues sur la plage a refroidi les envies de disséminer ces informations sans discernement. Rendez-vous en briefing Chez Pierre pour les
petits secrets de l’équipe (des guides francophones, un petit village qui se consacre à l’écotourisme pour les amoureux de la nature…).

 

À quelle(s) période(s) peut-on observer les tortues ?


Les pontes

Les pontes de tortues au Costa Rica se répartissent selon les périodes, les lieux et les espèces, avec des opportunités toute l’année pour les tortues de Ridley, ou seulement pendant 6 mois de l’année pour les luths. Il faut retenir que les pontes sur la côte Caraïbes sont concentrées de mars à novembre. Du côté de l’océan Pacifique, il est possible de rencontrer les tortues toute l’année, avec les « arribadas » en saison.

Les éclosions

Pour avoir la chance de voir les bébés tortues voir le jour et rejoindre la mer pour la première fois, il suffit de connaître le temps d’incubation de chacune des espèces… soit entre 1 et 2 mois environ. Il faut savoir que c’est la température lors de l’incubation qui détermine le sexe des nouveau-nés. Le moment de l’éclosion est presque simultané pour tous les petits du nid, qui une fois sortis du sable vont se diriger vers la mer. Ce ne sera qu’environ 1 individu sur mille qui reviendra adulte sur la plage costaricienne qui l’a vu naître pour se reproduire.

 

Quelques anecdotes en plus…


Les arribadas

Ce phénomène est encore difficile à expliquer pour les biologistes, mais le résultat est impressionnant à voir. Afin de limiter leurs risques face aux prédateurs (les jaguars en particulier), les tortues débarquent sur les plages par milliers en plusieurs vagues concentrées sur 2/3 jours. Se concentrant de mai à décembre, ces phénomènes sont difficiles à prévoir et sembleraient correspondre à la nouvelle lune selon certains scientifiques.

C’est aussi à cette occasion que la récolte des premières couvées est autorisée pour les populations locales, dans une réelle démarche de développement durable. En effet, les œufs déposés par les premières vagues de pondeuses sont naturellement détruits par les secondes vagues d’individus venant pondre. Autant que cela puisse profiter aux populations locales dont c’était une des sources de revenus traditionnelles. Attention, cette pratique est extrêmement encadrée et contrôlée.


La consommation d’œufs de tortues

Comme il a été mentionné ci-dessus, la récolte des œufs de tortues est légale au Costa Rica, mais sous des conditions très strictes. C’est à l’occasion des « arribadas » et de leurs milliers de tortues venant pondre que les œufs sont récoltés. Désignés sous le doux nom local de « viagra del pobre », pour de soi-disant vertus aphrodisiaques, ils se mangent généralement crus, délaissés du blanc et avec une sauce tomate pimentée. Pas le meilleur des mets, mais une curiosité que certains pourraient être tentés de goûter.

Les conseils du Réseau Solidaire ToutCostaRica pour bien observer les tortues

  • Toujours s'adresser à des organismes reconnus et officiels
  • Pour les observations de nuit, s'habiller avec des vêtements sombres, utiliser les lampes à lumière rouge fournies pour ne pas éblouir les individus et rester silencieux
  • Respecter les sentiers délimités pour ne pas endommager les nids
  • Ne jamais toucher les tortues, les œufs ou les nouveau-nés
  • Respecter les animaux et leur environnement : vos yeux valent tous les selfies du monde.