Les serpents du Costa Rica : comment distinguer les venimeux des inoffensifs ?
En bref : Pays des tropiques, plateau de tournage du célèbre Jurassic Park, le Costa Rica abrite 6 % de la biodiversité mondiale. Dès lors, pas étonnant que les reptiles, dont les serpents, s’y épanouissent aussi. Ces animaux présentent des capacités d’adaptation hors du commun, raison pour laquelle ils sont présents sur tous les continents et toutes les zones habitées, à l’exception des pôles.
Les serpents du Costa Rica se répartissent en 137 espèces, dont seulement 22 sont venimeuses. Ils sont présents sur tout le territoire de ce pays d’Amérique Centrale.
Animaux à sang froid comme les crocodiles, les lézards et les iguanes, ils n’ont pas la capacité de réguler par eux-mêmes la température de leurs corps. Démunis d’organe auditif externe, ces reptiles ne sont pas capables de capter les sons portés par l’air, comme la voix humaine. Ils ont donc développé d’autres organes sensoriels, comme la langue, qui leur permettent de capter les changements de température, les odeurs et les hormones sexuelles.
Si les serpents sont très rarement source de danger lors d’un voyage au Costa Rica, il est bon de faire un point sur les principales espèces qu'il est possible de rencontrer, afin d’être capable de distinguer ceux qui sont venimeux de ceux qui ne le sont pas.
Dans cet article, les noms des serpents du Costa Rica seront en espagnol. Cela facilitera la communication avec les guides lors d’éventuelles rencontres dans des parcs nationaux du pays.
Les principaux serpents venimeux du Costa Rica
Les serpents de mer

Ce sont de petits serpents, plutôt fins et généralement de couleur noire sur le dessus et jaunes sur la partie ventrale. Le bout de leur queue présente très souvent des rayures noires.
Au Costa Rica, il est possible de les rencontrer sur toute la côte Pacifique, normalement de 1 km à 25 km des côtes. Ceci dit, pendant les premiers mois de la saison sèche, ils sont aussi observables au bord des côtes voire sur les plages à cause du changement des courants marins.
Bien qu’ils possèdent une bouche minuscule, diminuant ainsi les possibilités de morsure, son venin est extrêmement redoutable, ce qui les classe parmi les serpents les plus venimeux du Costa Rica.
Les serpents corails
Le serpent corail à trois couleurs, appelé « coral macho » ou « coralillo », se caractérise par une alternance de bandes de couleurs bien précise : rouge, jaune, noir, jaune. Le moyen mnémotechnique utilisé ici pour s’en souvenir est RANA (pour rojo, amarillo, negro, amarillo).
Cette alternance d’anneaux de couleurs est importante à retenir, car il existe une autre espèce de serpents aux couleurs similaires, mais non venimeuse. Pour cette espèce de serpents du Costa Rica, les anneaux de couleurs ne respectent pas l’alternance RANA de son cousin venimeux, et les anneaux sont parfois incomplets.
Il faut donc avoir l’œil ! A gauche, il s'agit d'un faux serpent corail, tandis qu'à droite, il s'agit d'un vrai.
Ces serpents peuvent atteindre plus d’un mètre de long, mais mesurent en général entre 60 cm et 90 cm.
Le serpent corail à deux couleurs, appelé « coral gargantilla », présente une alternance de couleur noire et orange/rouge/blanc.
En cas de morsure par un serpent corail ou un serpent de mer, les heures sont comptées. Plus vite la personne aura rejoint un hôpital où pour lui administrer un anti-venin, plus elle aura de chances de récupérer. Entre-temps, il est important d'immobiliser le membre mordu (sans faire de garreau) et de garder son calme au maximum afin de ne pas augmenter le rythme cardiaque.
Les cas sont extrêmement rares, mais mieux vaut le savoir plutôt que d’essayer de courir dans tous les sens.
Les vipères du Costa Rica
Elles représentent la majorité des serpents venimeux du Costa Rica, et sont donc responsables de la plus grande partie des accidents. Cela s’explique également par une plus grande ouverture buccale, en comparaison avec les deux autres types de serpents cités ci-dessus.
Uniformément réparties sur tout le territoire costaricien, les vipères venimeuses se distinguent de leurs cousines non venimeuses par la présence de fossettes loréales (« foseta loreal » en espagnol), petits trous situés entre les narines et les yeux.
C’est l’une des seules différences qu’il y aura toujours entre les espèces de vipères venimeuses et non venimeuses.
« Bocaracá » ou « toboba de pestaña »
De petite taille (jusqu’à 90 cm de longueur), relativement fins, ces serpents se distinguent par la largeur de leur tête, de forme triangulaire et aux petites pointes situées juste au-dessus des yeux.
Ils peuvent arborer toutes sortes de couleurs, tachetés ou non.
Cette espèce est active la nuit et au crépuscule.
« Lora venenosa »

Pouvant atteindre 1 mètre de long, avec un corps assez fin, elles se distinguent par une couleur verte flash accompagnée de quelques traits jaunes sur tout le corps.
« Toboba de árbol »
Mesurant généralement entre 40 cm et 50 cm, les femelles sont généralement plus grosses que les mâles. Ces serpents se caractérisent par une couleur jaune/verte accompagnée de nombreuses tâches noires sur toute la longueur du corps. Elle aussi vit principalement dans les arbres, à partir de 1300 mètres d’altitude.
« Cascabel » ou « crótalo »

Assez grand, mesurant plus d’un mètre, c’est le serpent à sonnette du Costa Rica. De couleur café accompagnée de grosses taches marron foncé/noires, cette espèce présente au bout de sa queue un enchaînement d’anneaux imparfaitement attachés, provoquant ce bruit si reconnaissable.
Les "cascabeles" vivent principalement dans le Guanacaste, au nord de Puntarenas et dans le secteur d’Orotina. Il est également possible d’en retrouver dans la périphérie de San José.
Cette espèce de serpent est aussi nocturne que diurne et vit principalement à terre.
« Terciopelo » ou fer-de-lance

Il peut atteindre jusqu’à 2,30 mètres. Il est reconnaissable par l’alternance de formes triangulaires de couleurs sombres des deux côtés de son corps couleur café.
L’espèce est répandue sur les terres basses du Pacifique et des Caraïbes. Ils vivent principalement à terre et sont une des espèces venimeuses les plus présentes dans le pays. Raison pour laquelle ils sont responsables de la grande majorité des accidents.
Les serpents non venimeux les plus courants
Le « boa bécquer »
Le boa est un des serpents les plus grands du Costa Rica. Il est non venimeux. Il est facilement identifiable grâce à ses taches de forme rectangulaire et de couleurs claires/gris.
Ce sont des serpents qui sortent la nuit et au crépuscule.
« Bejuquillo » ou « lora falsa »

Vivant principalement dans les arbres, la lora falsa s’observe pendant la journée. Sa morsure est non venimeuse et ne suscite donc pas l’intervention d’un médecin.
Elle se différencie de sa cousine venimeuse car elle est de même couleur (verte) mais beaucoup plus fine, et plus longue (jusqu’à 2,50 m)
« Mica pajarera »

Il peut atteindre plus de 2 m de long et se retrouve principalement dans les zones montagneuses, comme vers Uvita, par exemple. Il est arboricole et vit donc dans les arbres, mais il lui arrive de se déplacer sur le sol.
C’est un serpent tacheté de couleur marron, comme le terciopelo. La différence se trouve sur son ventre, de couleur plus jaune, avec quelques taches de couleur rouge orangé, qui sont absentes sur le terciopelo.
Comment réagir face à un serpent au Costa Rica ?
Les serpents, au Costa Rica comme ailleurs, mordent uniquement lorsqu’ils se sentent attaqués. Ils atteignent généralement le genou ou le pied lorsque s'ils se font marcher dessus.
La règle numéro une est donc de ne jamais marcher pieds nus. Il est également conseillé de ne pas utiliser ses mains pour déplacer des pierres ou morceaux de bois d’un chemin. Si un serpent se trouve derrière ou dessous, c’est la morsure assurée.
Certains serpents venimeux vivent principalement dans les arbres. Ayez donc toujours l’œil ouvert lorsque vous récoltez des fruits.
Enfin, si vous croisez la route d’un serpent au Costa Rica, il suffit de s'éloigner, ne pas le déranger et ne surtout pas essayer de le manipuler. Chasseur de serpents, c’est un métier, il ne faut pas jouer pas avec ces bestioles, même avec un chapeau d’Indiana Jones ou avec un documentaire Arte sur le sujet visionné la veille.
En cas de morsure, il est important de ne pas faire de garreau et de ne pas appliquer de froid sur la morsure. Ces deux procédés peuvent aggraver les conséquences de la morsure sur les tissus. Ne pas appliquer, non plus, de décharge électrique et ne pas tenter d’aspirer le venin avec sa bouche (cela pourrait engendrer une infection sérieuse).
Seul l'anti-venin administré en hôpital sera efficace. L’important est donc de rejoindre le plus rapidement un centre de secours, en gardant le membre mordu immobile, et en gardant le plus possible son calme (un rythme cardiaque trop élevé accélère les effets du venin).
Pensez toujours à prendre une photo du serpent ayant causé la morsure. Elle est très souvent nécessaire pour savoir quel anti-venin administrer.