La politique au Costa Rica : une démocratie établie
À la découverte du régime politique le plus stable d’Amérique centrale
Lorsque les voyageurs préparent un voyage au Costa Rica, les premiers points positifs qui ressortent des recherches sont souvent les plages paradisiaques de sable fin, les forêts à la végétation luxuriante ou encore l’exceptionnelle variété de la faune locale.
Cependant, très vite, toute investigation sur ce pays fera ressortir des petits surnoms sympathiques tels que « Suisse de l’Amérique centrale » ou « pays de la Pura Vida ». Cette réputation ne vient pas seulement du cadre idyllique dont le Costa Rica est doté, mais aussi en grande partie par la tranquillité qui y règne.
Là où de nombreux pays voisins ont connu (ou connaissent encore) des situations politiques et sociales instables, le Costa Rica a su au fil des décennies se construire un système démocratique solide. Grâce à des choix politiques marqués et une ligne directrice consistante, le Costa Rica est aujourd’hui devenu un pays où la qualité de vie est presque aussi célèbre que sa nature (et ce n’est pas rien !)
Pour mieux comprendre ce succès, petit retour sur le fonctionnement de la démocratie la plus stable d’Amérique centrale.
La mise en place de la démocratie au Costa Rica
Après une histoire plus que mouvementée ; entre héritage indigène, conquistadors et même piraterie, le Costa Rica devient officiellement indépendant en 1821 !
A partir de ce moment-là, de nombreux conflits éclatent, les régimes et présidents se succèdent, le pays passe même par une dictature officieuse entre 1917 et 1919 sous l’égide de Frederico Tinoco.
En 1949, à la suite de la guerre civile la plus violente de l’histoire du Costa Rica (plus de 2000 morts), José Figueres, nommé affectueusement « Don Pepe Ferrer » arrive au pouvoir. Son mandat de président de la République marque le début d’une nouvelle ère pour ce pays. La première action de son gouvernement fût la rédaction d’une constitution avec de nombreuses réformes progressistes. Garantie de la liberté des élections, droit de vote des femmes et des noirs, interdiction d’enchainer les mandats présidentiels… autant de mesures ayant servies de fondation à la démocratie costaricienne telle qu’on la connait aujourd’hui.
Au milieu de cette petite révolution, une réforme fait encore aujourd’hui la renommée du Costa Rica à l’international : l’abolition de l’armée. En se passant de forces armées et en optant pour une posture diplomatique neutre, le Costa Rica s’est garanti une tranquillité interne (compliqué d’imaginer un coup d’Etat sans armée) tout en ayant l’opportunité d’investir le budget de la défense dans l’éducation et la santé. Résultat ? Une démocratie stable depuis plus de 70 ans, et un système social en bien meilleur état que la grande majorité de ses voisins. Ce choix fort est la raison pour laquelle le Costa Rica est aujourd’hui surnommé « la Suisse d’Amérique centrale ».
Le système politique
Aujourd’hui, le Costa Rica pourrait être qualifiée de « République constitutionnelle à régime présidentiel ». Un terme bien long et peu compréhensible. Pour éclaircir un peu la chose, ce type d'organisation s’appuie sur trois points :
- La séparation des pouvoirs, principe de base des démocraties, pour garantir l’indépendance de chacun d’entre eux.
- L’élection au suffrage universel : tout est dans le nom, c’est un autre fondement des régimes démocratique, cela signifie simplement que tous les citoyens costariciens majeurs ont le droit de vote.
- Non-responsabilité du gouvernement : cela signifie que le pouvoir législatif ne peut pas renverser le président via un vote de défiance.
Une fois ces bases posées, il est plus facile de s’intéresser plus en détail à l’organisation de la vie politique costaricienne.
Le Costa Rica est un État unitaire, au contraire d'un État fédéral, où le pouvoir est centralisé au niveau national, qui est divisé en 7 provinces, elles-mêmes subdivisées en 81 cantons. Chaque canton est administré par une municipalité élue tous les quatre ans. Les élections municipales se tiennent en même temps que les élections présidentielles.
Le pouvoir exécutif
Comme souvent, le pouvoir exécutif est exercé par le président et son gouvernement. Ces derniers ne sont pas responsables devant le parlement, et sont ainsi les pièces majeures du pouvoir costaricien.
Le Président est élu au suffrage universel direct pour un mandat non-renouvelable de 4 ans. Si un candidat obtient au moins 40% des voix dès le premier tour, il est élu directement. Autrement, un second tout est organisé pour déterminer qui sera le nouveau chef de l’Etat.
Une fois élu, les fonctions présidentielles résident principalement dans la gestion du gouvernement, la promulgation des lois, le commandement de la force publique et la représentation du pays à l’international.
Le pouvoir législatif
Le Costa Rica ne dispose que d’une seule chambre parlementaire composée de 57 membres, les députés sont élus au suffrage universel direct mais à la proportionnelle (avec un système de liste) pour 4 ans également.
Une petite subtilité du système électoral costaricien survient ici. Les élections législatives sont fusionnées avec le premier tour de l’élection présidentielle. Lors des « elecciones generales », les Ticos votent donc pour un candidat à l’élection présidentielle ainsi que pour les candidats aux élections législatives de son parti. Les membres de l’assemblée législative sont ainsi élus en un seul tour.
Le pouvoir judiciaire
Le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour suprême de justice et tous les autres tribunaux. Les 22 magistrats de la Cour suprême de justice sont élus par les députés à la majorité des deux tiers pour un mandat de 8 ans.
Le paysage politique costaricien

Depuis le 8 mai 2022, la présidence de la République est occupée par Rodrigo Chaves Robles. Après 27 ans à la Banque Mondiale et un court mandat de ministre de l’Economie en novembre 2019, celui-ci s’est lancé à son compte et a directement remporté l’élection présidentielle sous l’étiquette du parti « Progrès social démocratique » (PSD). Libéral sur les sujets économiques, il est conservateur sur les sujets sociétaux, s’opposant notamment à l’avortement et à la « théorie du genre ».
Au sein de l’assemblée législative, c’est le « Parti de la libération nationale », principal parti d’opposition, qui a le plus grand nombre de députés avec 19 représentants (contre 10 pour le parti présidentiel). Le reste des députés est divisé entre divers partis politiques représentant l’ensemble du spectre politique : conservateurs, centristes et progressistes, il y en a pour tous les goûts.
Concernant l’orientation générale du pays. Sur le plan international, le Costa Rica garde sa ligne écologique qui fait sa renommée. Une conférence des Nations Unies co-organisée par le Costa Rica et la France est d’ailleurs prévue en juin 2025 à Nice, signe des bonnes relations entre les deux pays.
Sur le plan national, le sujet principal est l’amélioration des conditions de sécurité dans le pays. Avec une augmentation des effectifs policiers et la création d’un centre de commandement de contrôle, le président Chaves espère endiguer la hausse de la criminalité.
En conclusion, le Costa Rica, bien plus qu'un paradis naturel, incarne la stabilité politique en Amérique centrale. Surnommé la "Suisse de l'Amérique centrale", ce pays doit sa tranquillité à son système démocratique solide et à des choix politiques audacieux, notamment l'abolition de l'armée. Avec une organisation politique robuste et une diversité de partis, le Costa Rica poursuit sa trajectoire vers une démocratie mature et inclusive, tout en relevant les défis actuels, tels que la sécurité intérieure. Dans cette nation où la nature et la démocratie se conjuguent harmonieusement, le Costa Rica reste un exemple inspirant pour le monde entier.